Willy Holvoet: le gendarme qui embarrasse sa hiérarchie.

Comme nous l'avons déjà précisé, Willy Holvoet est encore, à l'époque où nous rédigeons ces lignes, gendarme ou plutôt policier fédéral depuis la réforme qui a institué une police unique à deux niveaux, un niveau fédéral et un niveau local. Il sera vraisemblablement écarté des forces de l'ordre d'ici à la fin du mois de mars, officiellement parce que son état de santé psychologique ne serait plus en adéquation avec ce qu'un corps de police est en droit d'attendre. L'homme a fait l'objet d'innombrables pressions et tracasseries ainsi que d'une expertise psychiatrique qui ressemble bien plus à une farce d'un pays totalitaire qu'à un examen honnête. Willy nous livre ici avec une certaine retenue et beaucoup de sous-entendus ce qu'il pense de l'affaire Dutroux et des changements que la Belgique a connus depuis la fameuse Marche Blanche. A vous de juger…  

Le procès Dutroux est ouvert, comment ressentez-vous cet événement?

Willy Holvoet : Comme certaines personnes, dont les parents, je n'attends rien de ce procès. La vérité ne peut ressortir d'un procès où tous les responsables ne sont pas présents sur le banc des accusés. De nombreuses questions sont restées et resteront sans réponses. L'événement servira juste à dédouaner la Belgique en général et le gouvernement en particulier. Une simple opération de relation publique, pas une quête de vérité.

Depuis la marche blanche, comment les choses ont-elles changé en matière de gestion du dossier "disparition d'enfants"?

J'aurais tendance à dire que c'est pire qu'avant. Chaque année, deux cents enfants ne sont pas retrouvés dans notre pays. Le gouvernement justifie ce chiffre en le diluant avec les rapts parentaux et autres. On peut se demander pourquoi ils nous mentent. Aucune leçon n'a été tirée de l'affaire Dutroux et la gendarmerie (GD) n'a jamais reconnu ses fautes. La preuve, c'est qu'on a promu la totalité des gendarmes impliqués de près ou de loin dans cette affaire.

Cela veut-il dire que si la GD (ou plutôt la police unique) se trouverait devant le même genre d'affaire aujourd'hui, elle ferait la même chose ?

Oui.

Pourquoi n'y a-t-il plus de réelles réactions, de manifestations de la part des comités blancs ainsi que cette atmosphère de mobilisation qu'on a connue en 1996 en Belgique ?

Les comités blancs sont apparus par la volonté du peuple belge de se révolter pacifiquement face aux drames dont des enfants étaient victimes. Ces groupes de personnes qui se sont créés tant à gauche qu'à droite mettaient en danger les pouvoirs institués. Nos gouvernants tremblaient devant ce qu'ils ne pouvaient maîtriser, contrôler. L'Etat était déstabilisé. Il fallait réagir et vite. La preuve la plus importante de cette puissance spontanée du peuple belge était justement la marche blanche. Dehaene (note : le premier ministre belge de l'époque) l'a compris, c'est pour cela qu'il avait invité les familles à cette table ronde et malheureusement, ils sont tombés dans le piège. Le premier pas vers la neutralisation de ce mouvement était fait. Mais il fallait aussi les contrôler de l'intérieur afin de savoir ce qui se préparait. Il fallait à tout prix neutraliser tous ces groupes de personnes qui se créaient.

Comment alors les contrôler et les neutraliser ?

A partir de 1995, des sondes ont été envoyées vers les parents des victimes afin de les surveiller et de faire rapport sur leurs éventuelles réactions. Certaines de ces sondes ont été identifiées et d'autres pas. Plus tard, en 1996, le même système a été utilisé pour les comités blancs. On envoyait des gens apparemment insoupçonnables.

Mais qui sont ces sondes ?

Je tiens à ma paix et à ma sécurité. J'ai déjà eu assez d'ennuis comme cela.

Est-ce que les dossiers de pédophilie ont un rapport avec les autres dossiers "noirs" de la Belgique (tueries du Brabant, Gladio, groupe G etc.)

Il y a effectivement des points communs entre bon nombre de dossiers non résolus en Belgique. Le premier point commun, c'est une évidence, c'est qu'ils ne sont pas résolus. Ensuite, ce sont des dossiers qui ont en commun autre chose : le pouvoir de l'information. Les protagonistes se tiennent les uns les autres par les informations qu'ils possèdent les uns sur les autres. Tout fonctionne grâce au chantage et à la loi du silence. C'est comme cela qu'on s'assure des complicités sans faille. C'est comme cela que ce pays est dirigé.

La Belgique est-elle au centre des réseaux pédophiles à vocation internationale ou un Etat suiveur où le phénomène de la criminalité pédophile est anecdotique ?

La Belgique est une plaque tournante en Europe concernant la pédo-criminalité. Elle a une place importante d'abord parce qu'elle abrite un grand nombre d'institutions internationales, ensuite à cause de la situation géographique, centrale en Europe du Nord. Officiellement, il n'y a pas de réseau. C'est comme cela qu'ont pu prospérer dans une relative impunité le réseau du Cries (célèbre réseau pédophile que l'on a pu finalement en partie démanteler à la fin des années 80 grâce à un fichier contenant les noms des membres du réseau) ou encore le réseau Spartacus, les listes Cathédrale, Coral etc. dans lesquels on retrouve beaucoup de Belges.

Pensez-vous que l'analyse d'une certaine frange des spécialistes américains en matière de pédophilie -à savoir l'existence d'un programme Monarch de modifications et de soumissions du comportements des enfants- peut s'appliquer à la Belgique avec le phénomène inexplicable des témoins X?

Il y a beaucoup à dire concernant les témoins X. Il est vrai que l'utilisation des enfants, leur "programmation", certaines pratiques presque ritualisées ressemblent à ce plan "Monarch". Utiliser les enfants pour du chantage sur des personnalités (note : personnalités qui se sont adonnées à la pédophilie), pour terroriser où plus simplement pour gagner de l'argent est une constante que l'on retrouve depuis plusieurs années dans plusieurs réseaux. Le "hic", c'est qu'en 96, une partie du masque tombait. Le public avait pris en fait conscience que cela existait, que te telles choses ne relevaient pas du fantasme. Mais tout a été noyé dans une foule d'informations et de désinformations, une vraie campagne de déstabilisation des opinions. Cela a été très habile.

Que pensez-vous de ces témoins X?

On ne peut mettre tous ces témoins dans le même sac. Autant je suis persuadé que les faits qui sont décrits par certains sont exacts, autant je pense également que d'autres ne les ont pas vécus. Décrédibiliser un dossier de ce genre est simple. On l'a également constaté dans une célèbre affaire française, l'affaire Alègre, cet assassin multirécidiviste qui œuvrait dans les milieux de la prostitution. Par exemple: des faits stupéfiants et de mœurs sont dévoilés par des victimes, cela secoue la population à juste titre. La réaction est alors simple : on fait intervenir des personnes dites victimes qui surenchérissent dans l'horreur alors qu'elles n'ont pas réellement vécu ces faits. Les flics ou journalistes démontent les déclarations des seconds, morceau par morceau. Puisque l'on prouve qu'il y a eu mensonge, alors on en conclut que tout est faux, que toute l'enquête est contaminée. Classique mais très efficace.

Pourquoi est-il si difficile de débattre de l'affaire Dutroux, des témoins X et ce genre de dossier en Belgique ?

Il n'est pas difficile de débattre de ce sujet, c'est simplement impossible actuellement. Il faut savoir que les personnes citées par certains X sont aujourd'hui, tout simplement ministres. Alors...

Si des réseaux pédo-criminels internationaux ou puissants existent, qu'est-ce qui se profile derrière ces réseaux? Des groupes plus puissants comme l'affirment les thèses conspirationnistes?

Il y a plusieurs choses qui peuvent se cacher derrière ce genre de réseaux. D'abord, une loi du marché, avec une offre et une demande. Un moyen de chantage. Une méthode de terrorisme et déstabilisation afin de créer une peur... Aller jusqu'à croire qu'il y a des sociétés secrètes, des lobbies très puissants visant à créer un nouveau type de pouvoir, c'est possible mais cela serait inutile, en fait de la pure spéculation et une erreur de ma part de vouloir mettre des noms dessus.

Quel a été votre parcours, en bref, pourquoi devez-vous quitter la gendarmerie et quelle est aujourd'hui votre situation?

En quelques mots:

Après ma formation, je suis entré à l'anti-banditisme et terrorisme (ABT), puis j'ai été envoyé au Zaïre (aujourd'hui RDC) pour faire de la protection à l'ambassade de Belgique. Puis j'ai été travailler au BCR (note : bureau central de recherche qui est la centrale de renseignements de l'ex Gendarmerie), aux banques de données puis j'ai été muté à la bibliothèque. Puis, j'ai eu tous ces ennuis, cette campagne de harcèlement de la gendarmerie. Et j'ai tout perdu, je suis inscrit à une banque alimentaire pour ma famille, je vends ma maison et depuis cette semaine, j'émarge au CPAS (note : système de protection sociale en Belgique qui accorde le minium de moyen d'existence)… Je zone, quoi...

Depuis quand vos ennuis ont-ils commencé?

Mes ennuis ont réellement commencé quand j'ai fait confiance aux membres de la commission parlementaire Dutroux car je voulais révéler des failles dans le fonctionnement de mon institution, ce que je n'aurais pas fait s'il n'y avait pas eu en jeu la vie de futures victimes mineures d'âge, d'enfants. J'ai été trahi par certains membres de la commission et par certains magistrats dont je tairai le nom.

Pourquoi s'intéresser au dossier des enfants disparus?

Si je n'avais pas réagi pour des enfants, alors je n'aurais jamais pu me regarder dans une glace en sachant les informations que je possédais. Il fallait absolument que j'en parle d'une manière ou d'une autre. J'ai choisi la seule manière légale qui était en ma possession, la commission d'enquête parlementaire. Je pensais faire mon devoir.

Quelles sont les questions les plus importantes et les plus gênantes qui sont restées en suspens, sans réponse à l'issue de la commission parlementaire et qui ne seront peut-être pas abordées par le procès et par l'enquête?

Cela ne servirait à rien de développer la totalité des questions que je me pose concernant l'affaire de Julie et Melissa. Mais je peux en donner quelques unes:

Pourquoi avoir donné une protection policière au procureur Bourlet et au juge Connerotte si Dutroux n'était qu'un pervers isolé, donc inoffensif et s'il n'y avait pas de réseau ?

Pourquoi la gendarmerie a fait pression sur certains membres de la commission d'enquête ?

Pourquoi ne pas avoir déposé les auditions des gendarmes qui fréquentaient Nihoul?

Pourquoi vouloir faire croire à tout prix que Dutroux est un pervers isolé ?

Pourquoi ne pas avoir remis au public et à la commission les auditions de gendarmes qui ont fréquenté le Dolo (note : club échangiste  avec " entraîneuses " situé à Bruxelles qui fut un temps suspecté d'être le siège de partouzes avec des mineurs d'âge) ?

Pourquoi avoir dissimulé des informations à la commission ?

Pourquoi les haut gradés de la gendarmerie qui étaient responsables de l'enquête ont-ils tous eu une belle promotion ?

Qui a donné les ordres afin que l'enquête prenne cette tournure ?

Pourquoi avoir fait croire qu'une perquisition avait eu lieu au BCR, par surprise, celle opérée sur instigation de la Commission par le juge Marique alors qu'en fait, la gendarmerie était parfaitement au courant qu'il allait y avoir cette perquisition ? (Note : cette perquisition avait pour but de vérifier entre autre la nature des informations que le BCR possédait sur Dutroux)

Pourquoi des gendarmes, des magistrats et autres témoins privilégiés ont-ils menti volontairement à tant de reprises devant la Commission sans que cela n'amène de sanction ?

Quels types d'informations possède la gendarmerie de façon illégale sur les parlementaires de la Commission, informations qui auraient très bien pu servir de moyen de pression sur ceux-ci ?

J'ai encore tant d'autres questions. Mais ce sont des exemples.

Pourquoi les autorités ne veulent-elles vraiment pas entendre parler de réseaux internationaux, voire de réseaux organisés ?

Plusieurs hypothèses peuvent être avancées mais la plus sérieuse concerne l'identité des personnes qui se trouvent sur les listes de ces réseaux. Certains débuts d'indices ont bien mis à jour comme par exemple les réseaux Spartacus, Cathédrale, Cries, Coral, Ado,...) mais rien n'a été exploité au niveau des listes, du matériel saisi etc… alors que la vie d'enfants et de bébés est en jeu. On ne voulait pas prendre ces faits au sérieux.

L'Etat utilise t-il des techniques spécifiques pour noyer le poisson et nous faire croire que les choses vont bien ? Lesquelles ? Est-ce volontaire, soit parce qu'ils sont complices, soit parce qu'ils veulent dissimuler leur incompétence ?

Oui, plusieurs techniques sont utilisées. La manipulation de la presse, par exemple. La diffusion d'informations erronées. Ou l'ordre de ne pas diffuser certaines informations. Cela a d'ailleurs été confirmé dans un article du Monde signé par un ancien rédacteur en chef d'un célèbre quotidien belge, 'Le Soir', pour le nommer et qui expliquait les pressions et les menaces (notamment sur l'emploi) dont les journalistes belges sont victimes par le pouvoir politique. Le mensonge quasi systématique est une autre méthode qui fonctionne car on utilise le fait que le peuple fait confiance automatiquement à ce que peut dire un ministre ou un parlementaire. Comme c'est la voix officielle, alors c'est plus respectable. On y accorde instinctivement un certain crédit. Ce qui m'inquiète également, ce sont les liens que certains politiciens peuvent avoir avec des faits illégaux, l'implication de certains proches d'hommes politiques belges dans des faits délictueux et dont personne n'ose vraiment parler. De ce fait, cela amène à toutes les spéculations, à toutes les hypothèses, et à semer un doute que les politiques ne sont pas pressés d'éclaircir. Les politiques aiment utiliser leur pouvoir pour protéger ceux qui leur sont proches.

Y a t-il plus de disparitions ces dernières années ou est-ce parce que les gens vont plus aisément déposer plainte?

Difficile à dire, puisque les statistiques ne sont pas tenues depuis longtemps. Une chose est certaine, c'est que le chiffre des disparitions est très élevé, plus élevé qu'on veut l'admettre, ce qui signifie que beaucoup d'enfants servent à des entreprises de commercialisation de la pédocriminalité.  

Pourquoi la gendarmerie belge a-t-elle voulu tant garder le monopole et le pouvoir dans ces dossiers de disparition d'enfants?

Une nouvelle fois, il n'y a pas qu'une seule réponse. L'une d'entre elles est la guerre des polices et le fait qu'elle voulait avoir la mainmise sur les autres services de polices. Tous les coups étaient permis. La politique de pro-activité donne également une petite partie de la réponse. Vouloir utiliser les méthodes américaines dans un pays où la loi n'est pas adaptée montrait que l'on jouait à l'apprenti sorcier. Pour moi, la raison principale de leur non-intervention dans l'enlèvement de Julie et Melissa était de suivre 'le colis' et de remonter le réseau le plus haut possible.

Cela voulait-il dire que l'enlèvement était surveillé depuis le début?

Très vraisemblablement, oui.

Cela veut-il dire aussi qu'ils étaient moins intéressés de libérer les petites à tout prix, que leur libération n'était pas une priorité ?

C'est une hypothèse sérieuse dans laquelle on peut dire que la récolte de l'information primait pour la GD sur la sécurité des petites. L'hypothèse paraît peut être scandaleuse mais elle s'est révélée exacte dans d'autres affaires. Quant à ce qu'ils voulaient faire de cette information, eh bien on peut imaginer par exemple le pouvoir qu'ils peuvent en tirer. L'information, c'est le pouvoir!

Pourquoi avoir été si pro-actif ? Au fait, pouvez vous illustrer, expliquer ce qu'est la pro-activité dans ce genre d'enquêtes?

La pro-activité est le fait de vouloir intervenir avant que l'infraction ne soit commise. La réactivité est le contraire. Intervenir lorsque l'infraction a été commise. Le problème de la pro-activité c'est qu'elle frôle souvent les limites de la légalité, et c'était encore plus le cas en 96 avant la nouvelle loi. D'autres techniques utilisées à titre d'essai sont également à mettre dans ce panier. Par exemple, le fait de vouloir remonter un réseau, et donc accepter de surveiller des personnes sachant qu'ils commettent des infractions. En 96, c'était totalement illégal. C'est comme cela que des gendarmes sont capables de laisser des infractions se perpétrer sans intervenir. On peut alors mieux comprendre ce qui est arrivé dans l'affaire Dutroux.


Si l'on veut se rendre compte de l'énormité de la situation des disparitions d'enfants, où faut-il se renseigner?

Officiellement, au Ministère de la Justice ou de l'Intérieur. Peut-être à Child Focus, puisqu'il a été créé pour aider à lutter contre ce phénomène. Enfin, c'est ce qu'on dit... Cette association est l'alibi comme quoi on essaie de faire quelque chose. Dans les méthodes de Child Focus, il y a l'impression de posters et de photos juste après la disparition de l'enfant. Cette méthode permet en fait de résoudre surtout les affaires de fugues ou de rapts parentaux mais pas la criminalité organisée.

Comment a-t-on procédé à la reprise en main de la révolte des comités blancs? Est-ce tangible ou plutôt impalpable?

Lorsque le gouvernement s'est rendu compte du danger des réactions de la population, ils ont demandé à leurs services (sûreté de l'Etat, gendarmerie,...) de faire le nécessaire. Comme je vous l'ai indiqué plus haut, ils ont envoyé des sondes auprès des parents puis dans les comités blancs Il n'y a donc pas de preuves tangibles, fracassantes.

Existe-t-il un groupe de personnes au sein de ces comités qui ont conscience de cette récupération?

Oui, il y a des personnes qui ont pris conscience de ce fait. Au niveau des mouvements blancs, d'abord les ministres ont reçu les principaux animateurs à l'occasion des fameuses tables rondes afin de prendre la température. Plus tard, il y a eu des gens venus plutôt connus disposant de certaines relations, donc de moyens, et qui se sont présentés puis infiltrés dans les comités. Mais je n'irai pas plus loin là-dessus pour des raisons évidentes.  

Peut-on dire qu'il y a eu une volonté délibérée de déstabiliser le pays en se servant de toutes ces affaires?

Non, je ne le pense pas. Il y a au contraire une mainmise palpable de l'Etat et l'affaire Dutroux risquait d'ouvrir une porte et de montrer justement cette mainmise occulte de l'Etat sur des dysfonctionnements.  

Lorsque vous affirmez qu'en 1996, une partie du masque tombait, qu'est-ce que cela veut dire? Qu'est-ce qui a été révélé et sur lequel on ne peut plus revenir, quelle vérité gênante la justice ne pourra-t-elle jamais effacer?

La commercialisation des enfants et leur utilisation. La Belgique en a pris conscience.  

Est-ce que l'affaire Dutroux et la gestion de ce genre de dossier est un drame typiquement belge ou peut-il se passer dans tous les autres pays ?

Des phénomènes similaires se passent ailleurs. En France, en Angleterre, aux Etats-Unis… Malheureusement, en Belgique on nie les faits. On tente de décrédibiliser des témoins et des faits et on ne met pas en avant une sincère volonté de lutter avec de vrais moyens.  

Qu'avez vous constaté concernant l'existence de réseaux hollandais qui travailleraient aussi en Belgique?

Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet.

Après avoir travaillé pour la GD, vous êtes-vous intéressé aux dossiers des enfants disparus ? Avec quels moyens ? Comment sont les gens que vous avez rencontrés dans ce milieu de la défense des intérêts des victimes et des familles de victimes? Pourquoi ne se révoltent-ils pas plus?

Oui, j'ai poursuivi tant bien que mal mes recherches mais sans moyens. Certains des intervenants, des bénévoles qui font partie de ces associations ont énormément de volonté et plus de connaissances sur le sujet que les services de police, c'est certain. Ils aimeraient parler plus, mais on les neutralise. Par 'on', j'entends : des gens corrompus volontairement ou involontairement. Mais à nouveau je ne peux en dire plus.

Peut-on dire que certaines personnes dans ce milieu de la marche blanche contrôlent vraiment la colère, la subversion? Ont-ils vendu leur âme au diable soit par lassitude et découragement, soit sans s'en rendre compte? Ou bien est-ce pire?

Oui, pour moi c'est pire. Je trouve qu'il y a nombre de gens qui travaillent tant bien que mal dans le domaine de la disparition d'enfants et qui en font une routine, qui oublient que derrière leur routine de travail se cachent des souffrances innommables et que cela ne perturbe plus ou pas plus que nécessaire. Ce gens font leur travail sans se poser de questions. Le temps les jugera… Pour moi, c'est ça le pire !  

Comment la gendarmerie vous traite-t-elle aujourd'hui?

Moins bien qu'une m...   J'ai tout perdu. Je n'ai plus un franc, je dois vendre ma maison, je suis endetté, fiché. La gendarmerie refuse de payer depuis plus de 3 mois ma femme qui y travaille alors qu'elle ne leur a rien fait si ce n'est d'être mon épouse.

Pourquoi avez-vous fait une grève de la faim, et quelle a été la réponse des autorités et de vos supérieurs hiérarchiques?

Aucune réponse, j'ai terminé trop tôt, après 42 jours. Mais je ne pouvais aller plus loin à cause de ma famille… Moi auss,i j'ai des enfants et ils ne doivent pas payer pour quelque chose qui n'est pas de leur ressort. J'ai été jusqu'où je pouvais aller. Cette grève avait comme objectif d'attirer l'attention sur le traitement particulier dont je fais l'objet suite aux dénonciations que j'ai faites mais aussi face à l'inaction des autorités devant les abus, mauvais traitements et tortures de certains enfants dans notre pays.  

Si on vous donnait de vrais moyens pour lutter, que feriez vous, d'abord en tant que gendarme? Ensuite, si vous n'étiez gendarme mais qu'on vous donnerait des moyens, qu'en feriez vous?

J'ai fait des propositions très concrètes mais elles ont été ignorées par Child Focus et par les services ad hoc. Mais je ne peux en dire plus car ces méthodes que j'évoque sont utilisées par certaines autres personnes et elles sont efficaces.

A votre connaissance, est-ce que l'affaire 'de la Champignonnière' relevait d'une mise en scène (la façon dont le cadavre était installé avec des clous, du fil de fer etc.) ou bien cela signale t-il des rituels de type satanique ou sado masochiste? Y a t-il eu ce genre de mise en scène dans d'autres affaires en Belgique? Est-ce un folklore pour égarer les enquêteurs, les intimider ou bien ces mises en scène ont-elles vraiment une valeur rituelle?

Je répondrai que oui au fait que cela s'est passé ailleurs en Belgique, du côté de Charleroi. Je n'ai jamais eu accès à ce dossier mais je sais que ce dossier fort curieux et atypique mérite que l'on s'y attarde plus que ce que les enquêteurs ont fait car ils n'ont pas été jusqu'au bout. On aurait alors pu vérifier la signification de cette mise en scène, si il y avait une valeur rituelle, etc.

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