Stéphane Durand-Souffland, le Sancho Panza d'EDM.

Il existe peu d'exemples de servitude aussi prononcée que celle qui lie le 'grand chroniqueur judiciaire' Stéphane Durand-Souffland à son grand maître à lui, le très chevalresque Eric Dupond-Moretti, avocat hors normes si jamais il en fut. Partout où galope l'un, l'autre lui colle aux basques, proliférant hommages et dithyrambes en l'honneur de son illustre chef. Ici, nous quittons la sphère du 'journalisme' pour entrer dans celle de la plus pure hagiographie. Toute objectivité passe à la trappe quand Stéphane souffle pour Eric - et ceci des heures durant ! Nous vous offrons en mini-exemple cet article du préposé, paru dans 'Le Figaro' presque deux ans avant l'ouverture du 'troisième procès d'Outreau' le 19 mai 2015 à Rennes, mais tellement d'actualité en ce mois de mai 2015. Enjoy !

Outreau : la défense de Daniel Legrand qualifie le futur procès de «monstruosité»

Le 03/07/2013

Par Stéphane Souffland-Durand-Des-Heures



Stéphane le Serf. "Il rampe, traîne, pousse, porte, geint, obéit, pleure. Il est vêtu d'une loque, il a une corde autour des reins
qui, à la moindre infraction, lui monte au cou; son maître ne le rencontre qu'à coups de bâton." (Victor Hugo)

L'avocat Éric Dupond-Moretti  accuse, dans un courrier, le procureur général de Douai d'avoir «renié la parole du parquet général».

Alors que la perspective d'un troisième procès pour l'un des treize acquittés d' Outreau se profile, des victimes avérées de ce dossier sortent du silence et la défense fait monter la pression: Me Éric Dupond-Moretti vient d'écrire au procureur général de Douai, lequel souhaite que les futurs débats soient dépaysés, c'est-à-dire organisés ailleurs qu'à Saint-Omer, théâtre du premier procès devenu le symbole du fiasco judiciaire absolu.

Trois des enfants de Myriam Badaoui, accusatrice en chef condamnée à 15 ans de réclusion criminelle - et aujourd'hui libre - expliquent, dans un entretien au « Parisien-Aujourd'hui en France» de ce mercredi, qu'ils ne comptent pas participer au procès de Daniel Legrand fils devant la cour d'assises des mineurs, procès qu'ils qualifient par avance de «mascarade». Chérif, Jonathan et Dimitri, devenus majeurs, font partie des douze enfants reconnus comme victimes de quatre adultes définitivement condamnés en 2004.

Un renvoi devant une juridiction pour mineurs absurde mais incontournable

A l'époque, Daniel Legrand fils - son père, qui porte le même prénom, fut également poursuivi - avait été renvoyé deux fois, pour des crimes sexuels supposés commis avant et après sa majorité, devant la cour d'assises des mineurs et devant la cour d'assises. C'est cette dernière qui l'a condamné en première instance à 3 ans de prison dont un avec sursis, puis acquitté en appel. Restait donc le renvoi devant une juridiction pour mineurs, absurde puisque portant sur des faits identiques, mais juridiquement incontournable. L'institution judiciaire, qui s'est trouvée fort mal inspirée de n'avoir pas renvoyé tout le monde, une bonne fois pour toutes, devant les assises des mineurs comme cela se pratique couramment en pareille situation, avait décidé d'attendre la prescription qui devait sonner en octobre prochain. D'autant que l'intéressé, comme les douze autres acquittés, avait été reçu à Matignon, indemnisé financièrement, et destinataire d'un courrier d'excuses du président Chirac.

C'était sans compter sur des militants jusqu'auboutistes de la cause des enfants qui récitent une litanie fondée sur deux idées fixes - et un lourd sous-entendu qui n'échappe à personne: les victimes seraient méprisées par les médias au seul profit des acquittés, et acquitté ne signifie pas innocent. Il y a peu, une association, «Innocence en danger», coproductrice d'un documentaire intitulé de manière sibylline «Outreau, l'autre vérité» et relayée par un syndicat ultra minoritaire, FO-Magistrats, a pressé le procureur général de Douai d'organiser l'ubuesque procès.

Dans un courrier cinglant, Me Dupond-Moretti rappelle à Olivier de Baynast que l'un de ses prédécesseurs avait assuré à la défense de Daniel Legrand que «cette affaire ne viendrait jamais devant une juridiction»: il reproche au procureur général de «renier la parole du parquet général». L'avocat s'étonne que M. de Baynast, parmi les arguments soumis à la cour de cassation pour obtenir le dépaysement, estime qu'un nouveau procès à Saint-Omer «pourrait laisser croire à une «volonté de revanche» des magistrats du Nord-Pas de Calais». Et d'interroger: «Faut-il y voir un aveu?»

«Les mêmes faits et les mêmes victimes»

«Daniel Legrand majeur a été innocenté, comment Daniel Legrand mineur pourrait-il être coupable? Pourquoi devrait-il faire les frais de choix procéduraux dont vous êtes à l'origine, à savoir la disjonction? Ce gamin, car c'était un gamin à l'époque, a vécu le calvaire de sa propre incarcération injustifiée, et la calvaire de l'incarcération injustifiée de son père, aujourd'hui décédé. L'aveuglement de la Justice à son encontre l'a démoli, comme il a brisé sa famille. Il a basculé dans la toxicomanie. Il s'est ensuite reconstruit, petit à petit, avec ténacité et courage, en fondant une famille et en aspirant, une bonne fois pour toutes, à l'anonymat. La décision consistant à le renvoyer devant la cour d'assises des mineurs est, pour moi, une monstruosité», conclut Me Dupond-Moretti, qui a annoncé qu'il assumerait à nouveau la défense de l'intéressé avec Me Julien Delarue, et le renfort de quelque huit autres avocats déjà impliqués dans les deux procès d'Outreau.

Le procureur général de Douai, qui dit n'avoir pas reçu le courrier de Me Dupond-Moretti daté de mardi, reconnaît qu'il n'était «pas obligé» d'audiencer l'affaire, mais que ne pas le faire reviendrait à «ne pas permettre à la justice de suivre son cours». Selon lui, la démarche d'Innocence en Danger lui a «rappelé» l'échéance d'octobre: «la volonté de laisser prescrire une affaire, ce n'est pas mon style», affirme le magistrat. M. de Baynast admet qu'il s'agit des «mêmes faits et des mêmes victimes» que lors des deux précédents procès, mais, selon lui, «il n'est pas sûr que l'institution judiciaire avait décidé de laisser tomber, même s'il n'avait pas été jugé opportun d'audiencer le dossier dans la foulée» des acquittements de décembre 2005.

Stéphane Durand-Souffland. 'Le Figaro'

Voilà donc l'article en question. C'est tout de même épatant de partialité pour un si grand 'chroniqueur judiciaire'. Mr Durand-Souffland commence tout bonnement par traiter le nouveau procès de "absurde". Le ton sancho-panzéen est ainsi donné d'emblée. Ensuite, ce journaliste-hagiographe nous explique que Daniel Legrand fils sera jugé deux fois pour "des faits identiques". C'est, bien sûr, complètement faux. Et ce serait d'ailleurs illégal, selon le principe juridique consacré de 'no bis in idem'. En réalité, Daniel Legrand fils sera jugé pour des faits de 'viol en réunion' qu'il aurait commis entre 1997 et 1999 sur les quatre fils de Myriam Badaoui, c'est-à-dire Chérif, Dimitri, Jonathan et Dylan. Il avait été condamné en première instance à St Omer en 2004 à trois ans de prison pour ces faits de viol en réunion qu'il avait commis entre 1999 et 2000, donc une fois adulte. Sous la pression des politiques, Jacques Chirac en tête, et de celle des médias inféodés au même pouvoir politique, Daniel Legrand fils et ses onze co-accusés dans l'affaire d'Outreau ont été acquittés à Paris en 2005. Mais jamais ce "gamin de 33 ans" (selon Eric Dupond-Moretti !) n'a été traduit devant la justice pour les faits de la période de sa minorité, donc de 1997 à 1999. «Daniel Legrand majeur a été innocenté, comment Daniel Legrand mineur pourrait-il être coupable?" explose notre ténor. On retrouvera ce même genre d'argument éculé dans la bouche de Franck Berton, autre défenseur attitré de Daniel Legrand fils, deux ans plus tard lors de l'ouverture du procès de Rennes. Citons Mr Berton : "Ce qu'il n'a pas pu commettre en qualité de majeur, il n'a pas pu commettre en qualité de mineur !" L'absurdité, n'en déplaise à notre grand chroniqueur judiciaire, se situe plutôt ici. Ce n'est pas parce que Mr X n'a pas volé de voiture une fois adulte qu'il en serait forcément innocent trois ou quatre ans avant ! Les vols de voitures devenant trop risqués, Mr X a très bien pu se recycler dans une autre délinquance ou criminalité, par exemple, dans le trafic de drogue. Et c'est exactement cela, au fait, le parcours de Daniel Legrand fils. Violer les petits pour se faire un peu de thune, ça commençait à faire du bruit dans le coin. Donc, quelques années plus tard, on retrouve le même criminel qui importe de l'héroïne pour arrondir ses fins de mois : il a d'abord été arrêté pour des chèques volés en Belgique en 1999, puis le 30 janvier 2007, il est arrêté par la douane au retour d'Ostende. Il se balade avec 130 g d'héroïne qu'il avait avalée et cachée dans son slip.  “Il s'agirait de son quatrième voyage d'approvisionnement en Belgique depuis octobre 2006. M. Legrand devait être remis en liberté sous contrôle judiciaire en attendant de comparaître devant le tribunal correctionnel “ nous indiquait-on à l'époque. Daniel Legrand fils a finalement pris un an de prison dont 9 mois avec sursis pour “transport et importation” (pas la vente ni l'achat, donc), ce qui n'est pas cher payé du tout pour ce type de trafic. Voilà se qui s'appelle 'se recycler' ou, dans le langage d'Eric Dupond-Moretti, "se reconstruire, petit à petit, avec ténacité et courage."

Ce nouveau procès n'est donc pas aussi "ubuesque" que ne veut nous faire croire Stéphane Durand-Souffland. Peu importe, ce dernier insiste : ceux qui réclament ce nouveau procès sont des "jusqu'auboutistes" qui "récitent une litanie fondée sur des idées fixes", le syndicat 'FO Magistrats' est "ultra-minoritaire", le documentaire 'Outreau : l'autre vérité' est ainsi "titré de manière sybilline", et, selon toutes ces mauvaises langues précitées, "les victimes seraient méprisées par les médias au seul profit des acquittés". Tiens donc ! Des enfants de moins de sept ans, dont un nourrisson, se font sodomiser et torturer, on reconnaît du bout des lèvres leur statut de victime, on les dédommage à hauteur de 30 000 euros chacun (alors que les 'acquittés' violeurs touchent une prime d'Etat oscillant entre 250 000 et deux millions d'euros), on n'a d'yeux que pour le 'prêtre-ouvrier' Dominique Wiel, l'un des pires violeurs-tortionnaires dans cette affaire, et après tout cela on ose les accuser de "mépris" pour les petites victimes ! L'indignation fort sélective de Mr Durand-Souffland est tout de même quelque peu déplacée en pareille matière ...

Poursuivons les arguments du journaliste. "Dans un courrier cinglant, Me Dupond-Moretti rappelle à Olivier de Baynast que l'un de ses prédécesseurs avait assuré à la défense de Daniel Legrand que «cette affaire ne viendrait jamais devant une juridiction»: il reproche au procureur général de «renier la parole du parquet général»." Il s'agit d'un raisonnement à l'envers. Ce qui choque ici, ce n'est pas que le Procureur Général Olivier de Baynast "renie la parole" du Parquet Général de Paris, mais plutôt que cette "parole" ait pu exister. Quel marchandage ! Quel déni du droit ! Mais c'est vrai que, à l'époque, Matignon et l'Elysée s'en étaient mêlés, et ceci de manière complètement illégale et anticonstitutionnelle, la séparation des pouvoirs ayant été outrageusement bafouée.

Par ailleurs, les propos d'Eric Dupond-Moretti deux ans plus tard, le premier jour du nouveau procès, relèvent justement, à notre sens, de l'outrage. Cet avocat pose devant les caméras pour expliquer, menaçant, que l'ancien Procureur Général de St Omer Olivier de Baynast doit être amené de force devant la Cour d'Assises de Rennes, où Mr Dupond-Moretti l'avait cité en témoin, pour lui expliquer pourquoi il n'avait pas respecté le 'deal' du Procureur Général de Paris en 2005. Le délit d'outrage existe pour empêcher les justiciables de menacer ou faire pression sur les magistrats. C'est exactement cela, la stratégie de notre avocat 'hors normes', ici comme ailleurs : menacer et faire pression. C'est un gros mafieux en robe noire qui pense intimider tout le monde, juges et procureurs compris. Dans le cas d'espèce de Mr de Baynast, rappelons que l'opportunité des poursuites lui revenaient en toute souveraineté, et qu'il n'a nullement à s'expliquer sur ses choix. La 'bête noire' semble confondre Rennes avec Palerme. Il n'y est pas.

Par contre, à Rennes, y seront Myriam Badaoui soigneusement relookée pour l'occasion (aux frais de qui ?), Thierry Delay en visioconférence, le bon Abbé Wiel, et toute la clique des violeurs, tortionnaires et assassins d'enfants du coin, tous appelés en témoins de moralité au service de Daniel Legrand fils par la troïka EDM-Berton-Delarue. Voilà donc la Cour d'Assises transformée en Cour des Miracles. L'article 105 du Code de Procédure Pénale précise cependant que :

"Les personnes à l'encontre desquelles il existe des indices graves et concordants d'avoir participé aux faits dont le juge d'instruction est saisi ne peuvent être entendues comme témoins."

Et pourtant, ils témoigneront bien. S'il n'existait pas d'indices graves et concordants à leur encontre, ils ne se seraient jamais retrouvés devant la Cour d'Assises de St Omer. Et c'est cette bande de criminels qui doit témoigner de l'innocence du "gamin de 33 ans" trafiquant d'héroïne ? Quel cirque. On a l'impression que la France a vraiment perdu le Nord ...

PRF. Mercredi 20 mai 2015. De notre envoyé spécial à Rennes.

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