L e professeur Jérôme Lejeune, père de la génétique moderne


Médecin par vocation , Jérôme Lejeune a été confronté très jeune à la détresse des enfants déficients intellectuels et de leurs familles.

Parce que la médecine était impuissante à conjurer le mauvais sort qui s'était abattu sur ces enfants et pour soulager leurs souffrances, il a décidé de leur consacrer sa vie.

Il est ainsi devenu chercheur, par nécessité : pour tenter de pénétrer le mystère de ces intelligences blessées qui empêchent la personne d'être pleinement elle-même et pour soulager la souffrance qui en résulte.

En 1958, dans le laboratoire du Pr Turpin, le Dr. Jérôme Lejeune découvre la cause du mongolisme : un chromosome supplémentaire sur la paire 21. Le 26 janvier 1959, l'Académie des Sciences publie ces travaux scientifiques (J. Lejeune, M. Gautier et R. Turpin. Les chromosomes humains en culture de tissus . C. R. Acad. Sciences, 26 janvier 1959). La maladie sera désormais désignée sous le terme de trisomie 21.  

Pour la première fois au monde, un lien est établi entre un état de déficit intellectuel et une aberration chromosomique .  Les parents d'enfants trisomiques savent dès lors que le handicap de leur enfant est un accident et non une maladie héréditaire. Par la suite, il découvre le mécanisme de bien d'autres maladies chromosomiques, ouvrant ainsi la voie à la cytogénétique et à la génétique moderne.

Chef de l'unité de cytogénétique à l'Hôpital Necker Enfants Malades à Paris, sa consultation devient l'une des plus nombreuses du monde. Il étudie, avec ses collaborateurs, plus de 30 000 dossiers chromosomiques et soigne plus de 9 000 personnes atteintes d'une maladie de l'intelligence.

Il a la conviction que toute avancée vers la guérison de l'une de ces maladies donnera la clef pour soigner les autres.

Ce qui le préoccupe avant tout, c'est de parvenir un jour à guérir ses malades qui viennent le voir du monde entier. Or, à son grand désespoir, il devient "à la mode" de supprimer le malade qu'on est incapable de guérir.

Alors que les résultats de sa recherche auraient dû permettre l'avancée de la médecine dans la voie de la guérison, ils sont utilisés pour dépister au plus tôt les enfants porteurs de ces maladies et les supprimer le plus souvent. Il prend alors la décision de défendre publiquement ses malades. Cet engagement au service des plus déshérités d'entre nous lui a valu l'ostracisme des puissants mais l'amitié des petits et de ceux qui leur ressemblent.

Jérôme Lejeune est né en 1926 à Montrouge en banlieue parisienne. Il fait des études en médecine et devient chercheur au CNRS en 1952.  Il devient expert international pour la France sur les radiations atomiques.

En juillet 1958, lors de l'examen des chromosomes d'un enfant dit "mongolien", il découvre l'existence d'un chromosome en trop sur la 21ème paire. Pour la première fois au monde est établi un lien entre un état de débilité mentale et une aberration chromosomique.

En 1964, il est le premier professeur de Génétique Fondamentale à la Faculté de Médecine de Paris. Tout en restant très disponible pour les familles des enfants handicapés qu'il soigne, il donne des milliers de conférences à travers le monde.

En 1974, il devient membre de l'Académie Pontificale des sciences.

En 1981, il est élu à l'Académie des Sciences morales et politiques.

En 1983 il rejoint l'Académie nationale de médecine. Il est docteur "honoris causa", membre ou lauréat de nombreuses autres académies, universités ou sociétés savantes étrangères.

En 1994, il est nommé premier président de l'Académie Pontificale pour la vie.

Il décède le 3 avril 1994, avec le triste sentiment de trahir sa mission : "j'étais le médecin qui devait les guérir et je m'en vais. J'ai l'impression de les abandonner".

Le professeur Lejeune a reçu de nombreux prix pour ses travaux sur les pathologies chromosomiques, parmi lesquels :
- en 1962 le prestigieux prix Kennedy
- en 1969 le William Allen Memorial Award
- en 1993, le prix Griffuel pour ses travaux pionniers sur les anomalies chromosomiques dans le cancer.

Chaque année, aux environs du 3 avril, date anniversaire du rappel à Dieu du Professeur Jérôme Lejeune, une Messe est dite dans une grande paroisse de Paris, pour que le témoignage de la vie du Professeur Lejeune entraîne de nouvelles vocations de médecins, de chercheurs, de chrétiens.

L'ouverture du procès diocésain a eu lieu le 28 juin 2007 à Paris, en présence de la famille du Professeur Lejeune et de l'Association des Amis.

Mgr Jérôme Beau, vicaire général, nommé par Mgr Vingt-Trois pour le représenter, a présidé la cérémonie d'ouverture. Le tribunal a déjà commencé à se réunir pour entendre les témoins.