Laurent Louis, selon Wikipédia.

Affaire Dutroux et dénonciation des « réseaux pédophiles »

Le 12 avril 2012, Laurent Louis publie sur son blog le texte d'un courriel anonyme présentant une liste de personnalités belges et leur attribuant des faits de pédophilie 44. Le 19 avril, il tient une conférence de presse dans laquelle il dénonce l'existence en Belgique de réseaux pédophiles et « l'institutionnalisation de la pédophilie au sein de l'État ». Il brandit à cette occasion deux photos issues du rapport d'autopsie de Julie Lejeune et Mélissa Russo , deux des victimes de Marc Dutroux, et affirme que le rapport montre que les victimes ont subi des abus sexuels post-mortem ou peu de temps avant leur mort, alors que Dutroux était en prison et qu'officiellement elles sont mortes de faim pendant son absence 45. Il publie en outre le texte du rapport d'autopsie sur son site internet, devenu depuis inaccessible. Son attitude provoque de nombreuses réactions au sein des groupes parlementaires : presque tous les députés quittent l'hémicycle lorsque Laurent Louis monte à la tribune pour une question parlementaire à la Ministre de la Justice 46, ce qui constitue une première dans l'histoire de la Chambre des représentants de Belgique. Le Soir dénonce à cette occasion les « agissements nauséabonds » d'un élu qui a mis « la démocratie au bord du dégoût » 22. Le Vif/L'Express parle d'un député « calomniateur » qui chercherait avant tout à faire parler de lui, poussant les provocations « jusqu'à en péter les plombs » 23. Laurent Louis accuse également Jean-Denis Lejeune - père de Julie Lejeune - de s'être laissé acheter par la classe politique en échange de son silence sur certaines pratiques ; Jean-Denis Lejeune dépose alors plainte pour « diffamation et calomnie » et déclare que le député cherche, en prétendant lutter contre la pédophilie, à « se faire mousser, se faire de la publicité en se faisant passant pour un chevalier blanc » 47.

Une instruction est ouverte contre Laurent Louis pour « calomnie, diffamation et recel » 48. Le 20 avril 2012, le député indique sur sa page Facebook que les éléments liés au dossier Dutroux lui auraient été confiés par Albert Mahieu , qui lui aurait « demandé de poursuivre le travail qu'il avait débuté pour que la vérité éclate enfin ». Albert Mahieu , député bruxellois décédé en 2011, s'était lui-même signalé par des accusations de pédophilie à l'égard de diverses personnalités. Il avait notamment dénoncé une affaire impliquant le bourgmestre de Bruxelles , mais avait été débouté et condamné à des dommages et intérêts en 2001 44, 49. Laurent Louis indique également avoir publié la liste de pédophiles présumés sans savoir qui la lui avait adressée, et n'avoir appris que plus tard l'identité de son auteur ; il s'agissait d'une personne qui s'était déjà signalée, à l'époque de l'affaire Dutroux, par des allégations non prouvées 44.

En juillet 2012, Laurent Louis affirme avoir subi une agression à Liège et soutient que celle-ci serait liée à l'affaire des réseaux pédophiles : pour soutenir ses dires, il publie sur Facebook une photo de son visage supposément blessé 50, 51 et diffuse sur internet une vidéo tournée dans une cave et censée mettre en scène son agression par des militants du CDH , d' Ecolo , du MR et du PS. La vidéo, que 7sur7 qualifie de « grotesque », lui vaut d'être tourné en dérision dans les médias et sur les réseaux sociaux 5, 52, 53.

Laurent Louis participe en 2012 aux manifestations protestant contre la libération conditionnelle de Michelle Martin 54.

Le 21 janvier 2014, il est révélé que Marc Dutroux a fait parvenir à Jean-Denis Lejeune et Laurent Louis une lettre de 44 pages, ainsi que 74 pages annexes, affirmant l'existence d'un réseau autour de son affaire. Laurent Louis fait parvenir les documents aux journaux et soutient la thèse avancée par Dutroux 55. Commentant cette affaire, La Libre Belgique décrit Laurent Louis comme l'« idiot utile » de Marc Dutroux, et ajoute que « Laurent Louis et Marc Dutroux se nourrissent sur le même tas de fumier » 56.

Accusations portées contre Elio Di Rupo

Le 11 janvier 2012, Laurent Louis défraie la chronique en accusant sur son compte Twitter le Premier ministre Elio Di Rupo de mener une vie privée dissolue, et en faisant allusion à la pédophilie 57. Selon la Libre Belgique, une fois interrogé par l'agence Belga Laurent Louis aurait toutefois été incapable de donner la moindre substance à ses accusations et se serait borné à évoquer des faits vagues ainsi que d'anciennes accusations à caractère diffamatoire portées à charge d'Elio di Rupo en 1996 et démontées par la justice belge 58. Il réitèrera encore ces accusations à charge de Di Rupo et d'autres personnalités dans une vidéo postée sur YouTube en décembre 2012 où il évoque aussi un vaste réseau de pédophilie 59.

En novembre 2013, il relance ses accusations de pédophilie à l'encontre d'Elio Di Rupo lors d'une session du Parlement, tout en prétendant détenir des « preuves ». Une procédure pour outrage au Premier ministre est ouverte contre le député ; Elio Di Rupo ne se constitue cependant pas partie civile contre Laurent Louis, et ne figure dans le dossier que comme « partie préjudiciée » 60, 61.

Le 27 mars 2014, lors d'une séance de questions orales au Premier ministre, après avoir pris Elio Di Rupo à partie à propos du coût de la visite de Barack Obama qui avait eu lieu la veille, Laurent Louis termine son allocution par : « Merci, Monsieur le pédophile… oh, le Premier ministre, pardon ! ». Cette déclaration entraîne un tollé dans l'assistance : la majorité des députés quitte alors la salle et la session parlementaire est suspendue. Laurent Louis, s'étant vu retirer son droit de parole, quitte alors l'hémicycle et, lors de la reprise de la session, les députés soutiennent Elio Di Rupo par leurs applaudissements 62, 63.

Lors de la première audience de son procès le 8 avril 2014 pour outrage au Premier ministre, calomnie et recel de pièces du dossier Dutroux, il affirme que les « preuves » qu'il détient lui ont été transmises par Albert Mahieu 64, 44.

Idées sur la démocratie

Laurent Louis préconise une démocratie où les partis seraient bannis et où les décisions seraient prises par des assemblées de citoyens tirés au sort 65 .

En juin 2013, il propose au Parlement une résolution d'urgence relative à la révision du système électoral et à l'instauration du tirage au sort des membres du Parlement fédéral du royaume de Belgique 66. Elle est rejetée à 149 voix contre une, la sienne.

Questions internationales

Il est le seul député à s'opposer à la participation de la Belgique à l' intervention militaire de 2011 en Libye  ; toutefois, il n'a fait que s'abstenir lors du vote 67 . En 2013, il est le seul député à voter contre le soutien de la Belgique à l' intervention de la France au Mali 68 , 69. Son mouvement Debout les Belges réclame la sortie de la Belgique de l' UE et de l' OTAN , ainsi que « la fin de l'ingérence belge » en République démocratique du Congo 37. Laurent Louis bénéficie par ailleurs de soutiens au sein de la population belge d'origine congolaise, où sa dénonciation du régime de Joseph Kabila est appréciée par certains 23.

Antisionisme et accusations d'antisémitisme

En 2013, Laurent Louis se déclare antisioniste et évolue vers un discours que Marcel Sel analyse, dans RésistanceS, comme antisémite et négationniste . Il écrit, sur son profil Facebook , que « les sionistes ont financé Hitler et créé la seconde guerre mondiale pour arriver à la réalisation de leur projet, la création de l'Etat d'Israël », et que « les sionistes sont les maîtres du monde » 70 . Il rencontre à plusieurs reprises l'humoriste français Dieudonné . Dans cette optique, il se rapproche du petit parti belge Islam. Il entre toutefois rapidement en conflit avec le bureau de cette formation : alors que Laurent Louis explique avoir été désigné président d'Islam, il en aurait en fait selon Sud presse , été exclu le 27 octobre 2013. Il s'ensuit une polémique entre les membres du parti et Laurent Louis concernant le logo du parti, dont le député dit être propriétaire. Pour sa part, Redouane Ahrouch, conseiller communal d'Islam à Anderlecht, déclare : « on nous avait prévenus que ce n'était pas une personne stable. Mais nous avions décidé de lui laisser une chance. Dimanche, il s'est présenté au conseil du parti et il a voulu s'autoproclamer président. Abdelhay Bakkali Tahiri, notre président, fait du très bon boulot et nous avons évidemment refusé » 71 , 72 .

En juin 2013, dans le contexte de la guerre civile syrienne , il participe à une manifestation de soutien à Bachar el- Assad et au Hezbollah devant l' ambassade d' Israël à Bruxelles, et piétine le drapeau israélien, ensuite mis à feu. Il déclare aux médias syriens que « l'Europe est utilisée dans le conflit [contre la Syrie] comme un outil dans les mains d'Israël, l'État voyou » 73.

Laurent Louis multiplie ensuite les allusions publiques à Dieudonné, dont il va se présenter comme « l'ambassadeur » en Belgique. Il reprend à plusieurs reprises le geste de la « quenelle » popularisée par l'humoriste français 26 , 74  ; dans les meetings de sa nouvelle formation, Debout les Belges , il fait entonner par la salle, sur l'air du Chant des partisans, la chanson «  Elio, Elio, la sens-tu qui se glisse dans ton cul, la Quenelle ? » 75, imitant l'une des provocations de Dieudonné à l'égard de François Hollande 76.

En janvier 2014, durant les questions d'actualité à la Chambre des représentants, il effectue une « quenelle » et évoque « cette Shoah mise en œuvre et financée, rappelons-le, par les pionniers du sionisme ». Le président de la Chambre condamne les propos et le geste « odieux » et « déplacés » du député 77 et la Ligue Belge contre l'Antisémitisme porte plainte contre Laurent Louis pour « antisémitisme et négationnisme » 25.

Au printemps 2014 , Laurent Louis annonce qu'un « Congrès européen de la dissidence » se tiendra le 4 mai dans la région de Bruxelles-Capitale, avec la participation de diverses personnalités comme Dieudonné , Alain Soral , Kémi Seba et l'essayiste antisémite Hervé Ryssen. La manifestation — décrite dans la presse comme un « congrès antisémite  » — est finalement interdite par les autorités belges. Le lieu de la réunion, tenu secret jusqu'au dernier moment, est annoncé à Anderlecht mais, le 4 mai, les quelques 500 personnes présentes sur place sont dispersées par les forces de l'ordre 78, 79, 80, 81, 82.

Fusillade au Musée juif de Belgique

À la suite de la fusillade au Musée juif de Belgique du 24 mai 2014, Joël Rubinfeld de la Ligue belge contre l'antisémitisme décrit l'attentat comme le « résultat inévitable d'un climat qui distille la haine », citant Laurent Louis et Dieudonné parmi les responsables de ce climat. Il prône l'usage « de tous les moyens légaux pour faire taire les prêcheurs de haine qui ont une responsabilité dans la propagation du virus antisémite » 83.

Quelques heures après la fusillade, Laurent Louis écrit sur son compte Facebook que cet attentat pourrait être une opération « téléguidée » «  false flag visant à réduire le succès de "Debout les Belges" [aux élections législatives, régionales et européennes, organisées le lendemain] » 84 . Il rejette avec véhémence les propos de Rubinfeld sur son rôle « dans cette affaire qui ne [le] concerne en rien », déclarant « Je suis antisioniste, pas antisémite ».

Procédures judiciaires

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