‘L'appel aux gens de bonne volonté'
ou
‘La liberté d'expression : il faut aller jusqu'au bout.'
« Est-ce qu'on peut se présenter aux élections avec un programme ouvertement anti-sémite ? C'est une initiative absolument scandaleuse qui doit être condamnée moralement par tous les gens de bonne volonté. » Les propos sont de Mr Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée, le 3 mai 2009. Pour ce qui concernait le programme prétendument anti-sémite, Mr Guéant faisait bien sûr allusion à celui de l'artiste Dieudonné, candidat aux élections européennes. Quant aux « gens de bonne volonté », la définition est un peu plus floue, mais on doit supposer que cela concerne principalement l'hydre UMP-PS, puisque ce sont ces gens-là les grands détenteurs de vérité de notre époque, une vérité mouvante et multiforme, certes, mais qui en fin de compte correspond toujours à tout ce qui sert leurs intérêts à eux. « Les pouvoirs publics sont en train de voir si ces initiatives tombent sous le coup de la loi » poursuivit Mr Guéant lors de sa déclaration. Etrange loi qui empêcheraient des gens de se présenter aux élections. Le lendemain, Mr Guéant récidiva : « Une étude est en cours pour voir si les listes antisionistes de Dieudonné peuvent juridiquement se présenter aux élections européennes. » En clair, les ministères de l'Intérieur et de la Justice s'étaient mis en quête des voies de droit qui permettraient de faire obstacle à Dieudonné. Puis, le surlendemain – quelle déception ! – leur porte-parole du jour, un certain Mr Blanchetier , 'avocat parisien spécialiste du droit électoral', se résigna à l'horreur démocratique : « Le droit positif souffre d'une petite carence. La Commission de Propagande s'assure de la régularité des affiches, des bulletins de vote et des professions de foi adressés aux électeurs sur un plan purement matériel, pas sur le contenu. La loi pénale ne s'applique pas a priori mais a posteriori. Lors des dépôts de candidature, le contenu des thèmes de campagne n'est pas contrôlé. Les candidats peuvent sans grand risque porter une idéologie nauséabonde.» Cela s'appelle, en somme, la démocratie. Pour le gouvernement Sarkozy, il s'agit plutôt d'une « petite carence » juridique. Et c'est le calendrier électoral qui fait que les médias, début mai 2009 et pendant une petite semaine, ont étalé ainsi ce qui constitue tout un programme pour le gouvernement actuel : la recherche de moyens qui feront, à terme, que toute opposition politique sauf celle, factice, que les diverses têtes de l'hydre UMP-PS nous propose, soit interdite.
On n'a pas besoin d'affectionner Dieudonné ou ses colistiers pour regretter cette tendance dictatoriale. La liberté d'expression est un vieux concept. Aussi vieux que le désir de liberté lui-même. On préfère à Mr Guéant une certaine Mme Blandine Kriegel , professeur à l'Université Paris X Nanterre. Celle-ci nous renvoie à la pensée du poète John Milton (1608-74) en matière de liberté et libertés : « En ce qui concerne la liberté de conscience, dont procède directement la liberté d'expression et d'information, elle a été instituée chez nous dès 1598 par l'Edit de Nantes d'ailleurs commémoré un peu en demi-teinte. Cette liberté d'expression a été solidaire de la tolérance, c'est-à-dire de la confrontation d'opinions contraires, selon une valeur qui a été affirmée en Europe par toute une série de traités. On peut en citer quelques-uns : ‘L' Aeropagitica ' de Milton en 1644, le ‘Traité théologico-politique ' de Spinoza en 1678, les ‘Lettres sur la Tolérance' de Locke en 1689 et, enfin, le ‘Traité sur la Tolérance' de Voltaire, qui les récapitule tous, en 1763. Mais davantage, cette liberté d'expression est liée à un raisonnement qui a été conduit en particulier par Milton et qui, à mon avis, demeure actuel, et c'est pour cette raison que Chateaubriand, grand défenseur de la liberté de presse, l'a admiré. Il n'admirait pas seulement le ‘Paradis perdu', il admirait également ‘l' Aeropagiticia ' qui s'intitule d'ailleurs – et c'est un texte de circonstance – ‘Pour la liberté de presse, sans autorisation ni censure'. Voici, en quelques mots, le raisonnement de Milton.
La liberté est nécessaire en raison du péché originel. Parce qu'il n'y a pas de vérité première, il n'y a que des erreurs premières. La vérité est dispersée. Elle est à rechercher et non à contempler. Sa découverte passe par la traversée de l'erreur, du mal et du négatif. Elle s'établit par le dialogue et la contradiction. En d'autres termes, pour Milton, la liberté de conscience est indispensable – et la liberté de presse avec elle – parce que, en l'homme, le Bien et le Mal sont indissolublement mêlés et parce que l'homme n'arrive à la vérité que par le détour de l'erreur rectifiée. Quel a donc été, selon moi, le sol fondateur de la liberté de conscience et quel est le véritable socle de la liberté de la presse ? Ce n'est nullement l'optimisme des Lumières mais, tout à l'opposé, la liberté de conscience procède de la découverte de ce que la philosophie nommera plus tard « la finitude humaine ». Parce que l'homme est faible, parce qu'il est pécheur, comme on le disait aux XVlème et XVllème siècles, il a intérêt à confronter son point de vue à celui des autres. L'information, comme la recherche de la vérité, a besoin de temps, d'errements, d'initiations. Autrement dit, la recherche de la vérité pour l'établissement de l'information requiert absolument le droit à l'erreur. On doit accorder à la liberté d'information – indispensable à la recherche de la vérité – la possibilité d'errer non seulement aux doctes mais aux simples, non seulement à ceux qui ont raison tout de suite mais à ceux qui commencent par avoir tort. La diffusion de fausses nouvelles - il faut aller jusqu'au bout - est nécessaire à la connaissance des vraies. Il faut prendre la liberté d'information par le point où elle blesse, où elle fait le plus mal et où elle touche précisément au droit des personnes. On ne peut rien retrancher de ce principe et c'est pourquoi tous ceux qui en sont conscients ont toujours combattu les lois de circonstance – hier de justice et d'amour, aujourd'hui la loi Gayssot – qui restreignent la liberté d'information.»
François Mitterrand a payé très cher son attachement à ce principe de liberté d'expression. Il s'était fait une règle de ne pas attaquer les journalistes en justice. Tout le temps de ses mandats et quel que fût son mépris pour certains paparazzi – tels « les chiens » qu'il a invectivés après le suicide de Pierre Bérégovoy en 1993 – il s'en tint à cette règle libertaire. Quelles que soient nos critiques à son égard sur le plan politique, on est contraints de dire pour ce motif suprême, que c'était un grand Président de la République. Voici ce qu'en firent certains journalistes début septembre 1994. Mitterrand, rappelez-vous, était gravement malade et après son opération du 19 juillet précédent, ses médecins ne lui donnaient que quelques mois à vivre. ‘Le Monde' de Colombani, Minc et Plenel dans son édition du 10 septembre 1994 :
« L'évolution du cancer du Chef de l'Etat est devenue imprévisible. Tous les spécialistes d'urologie que nous avons interrogés s'accordent à dire que l'essentiel du traitement médical actuel consiste, par voie chirurgicale, à tout mettre en œuvre pour aider à l'écoulement des urines. Après la résection endoscopique urétrale, qui peut être mise en œuvre à plusieurs reprises – Mr Mitterrand en a déjà subi deux, mais on peut dans ce domaine, notamment grâce à l'usage des lasers, aller jusqu'à quatre ou cinq interventions consécutives – l'évolution du processus pathologique impose d'agir plus en amont de l'arbre urinaire. On peut alors soit poser, sous une légère anesthésie, des sondes au sein des deux uretères (sondes « Double J ») afin de lutter contre la réduction du diamètre de ces conduits naturels, soit dériver les uretères et les aboucher à la peau (avec pose de poches externes de réception des urines), soit pratiquer une néphrostomie (établissement d'une fistule rénale chirurgicale) définitive. Il est difficile de définir avec précision l'impact de l'évolution d'un tel processus cancéreux sur les capacités du Président de la République à assumer les charges et les devoirs qu'impose cette fonction. On connaît notamment les marges d'incertitude et d'erreur dans l'établissement d'une corrélation absolue entre un stade d'évolution cancérologique et les répercussions physiques et intellectuelles observées chez le malade. Il n'en reste pas moins que la question peut se poser aujourd'hui de l'adéquation entre l'état de santé de François Mitterrand et l'exercice des plus hautes charges de l'Etat. » L'article provoqua une avalanche de lettres indignées. Mais aucune poursuite judiciaire. Par contre, le livre dont est tirée cette citation (‘La Face Cachée du Monde' de l'excellent tandem Pierre Péan et Philippe Cohen) provoqua, lui, une avalanche d'actions en justice de la part de l'équipe de Jean-Marie Colombani, ce qui aboutit à son retrait de la vente ! A ce niveau-là aussi, la justice à deux vitesses fonctionne à merveille dans notre douce France. On ne sait pas très bien pourquoi Edwy Plenel et consorts vouaient une telle haine à François Mitterrand. Peut-être tout simplement parce que notre défunt Président était un démocrate et en tant que tel une sorte d'ennemi de classe. Peut-être aussi parce qu'il aimait la France et les Français.
Six mois plus tard, les paramètres sont les mêmes. L'artiste Dieudonné veut donner un spectacle à Grenoble. Le maire juif de Grenoble, Michel Destot , annonce qu'il aimerait l'en empêcher, mais qu'il ne peut pas. Le Préfet juif de l'Isère, Albert Dupuy, renchérit : lui, il peut. Et il le fait. Par arrêté préfectoral du vendredi 23 octobre 2009. le spectacle est annulé. Mais notre artiste, comme les faits, est têtu. Il a recours à une procédure d'urgence auprès du Tribunal Administratif, qui a levé cette interdiction en estimant qu'elle constituait « une atteinte grave et illégale à une liberté fondamentale. » A savoir, la liberté d'expression. La France triomphe donc de la Juiverie apatride. C'est une belle défaite infligée à nos amis talmudistes de Grenoble Destot-Dupuy-Médina-Valdes Boulouque . Nous étions tentés de dire « une belle leçon », mais une telle tournure de phrase laisserait entendre que ces gens sont aptes à se réformer et à devenir des êtres à principes moraux, des humanistes. Un tel espoir est nécessairement vain. Ecoutons leur coreligionnaire Henri Barbusse, grand admirateur de Staline : « Nous traiterons les nations avec une verge de fer. Or, la justice, c'est le rétablissement de la dynastie de David ; la pitié, c'est celle de la condition des Juifs ; la foi, c'est celle de la revanche. Je te dis que nous sommes les vrais et les seuls réalisateurs de la loi de la lutte finale pour le royaume de Dieu et pour la vie éternelle qui est la gloire éternelle du conquérant juif. Que par toi, le verbe du Seigneur roule sur les villes comme un rouleau compresseur. » On peut compléter le tableau de cette mentalité talmudiste en citant Adolphe Crémieux, émancipateur des Juifs d'Algérie et Grand Maître du Grand Orient de France, président de l'Alliance Israélite Universelle et deux fois Ministre de la Justice en 1848 et 1870. La déclaration suivante fut reproduite dans ‘ The Morning Post' de Londres le 6 septembre 1920 : « L'union que nous désirons fonder ne sera pas une union française, anglaise, irlandaise ou allemande mais une union juive universelle. D'autres peuples et races sont divisés en nationalités. Nous seuls n'avons pas de concitoyens mais des coreligionnaires. En aucune circonstance, un Juif ne deviendra l'ami d'un Chrétien ou d'un Musulman avant qu'arrive le moment où la lumière de la foi juive, la seule religion de la raison brillera sur le monde entier. Notre nationalité, c'est la religion de nos pères et nous ne reconnaissons aucune autre nationalité. Le Catholicisme, notre ennemi de tous les temps, gît dans la poussière, mortellement frappé à la tête. Le filet qu'Israël jette actuellement sur le globe terrestre s'élargit et s'étend. Notre puissance est immense : apprenons à adapter cette puissance à notre cause. Qu'avez-vous à craindre ? Le jour n'est pas éloigné où toutes les richesses, tous les trésors de la terre deviendront la propriété des enfants d'Israël. Les nationalités doivent disparaître, les religions doivent être supprimés. Mais Israël, lui, ne doit jamais disparaître, car ce petit peuple est l'élu de Dieu.»
Il serait étonnant qu'un tel schéma mental soit compatible avec la démocratie et la liberté d'expression qui en est la pierre angulaire. Ecoutons le Préfet judéo-nazi Albert Dupuy : « Les prises de position extrêmement controversées de l'humoriste au cours de ces dernières années, qui ont amené le Crif , la Licra et SOS-Racisme à appeler les démocrates, élus et citoyens, à se mobiliser pour exprimer leur indignation et s'opposer au spectacle … tout ceci ne manquera pas de provoquer de graves troubles à l'ordre public. » Donc, tout ce qui est controversé doit être interdit. Nous sommes dans un système totalitaire. Celui qui a enfermé Mme Faïma Bourouh à l'Hôpital psychiatrique de Saint-Egrève pour délit d'opinion. Un système juif. Exactement le même qui sévit en Palestine. Le dernier mot ira à Mr John Bastardi Daumont , l'un des avocats de Dieudonné : « Cette décision préfectorale souille la liberté d'expression et la liberté du travail protégées par la Patrie des droits de l'homme. L'arrêté préfectoral est suspendu. Dieudonné donnera son spectacle, et l'aurait donné quand même en désobéissance civile quelles que soient les menaces étatiques ou privées pesant sur cet artiste courageux. Ce n'est pas le spectacle de Dieudonné qui constitue le trouble à l'ordre public. Ce sont les menaces intolérables en France d'associations communautaires, dont le CRIF, la LICRA et SOS Racisme qui motivaient cette décision préfectorale dont nous réclamons l'annulation pure et simple. Les forces préfectorales de la République ne peuvent être le glaive de démarches privées liberticides. »
"Le filet qu'Israël jette actuellement sur le globe terrestre s'élargit et s'étend."