Catholicisme et Franc-Maçonnerie.

Monseigneur Dominique Rey, évêque de Fréjus-Toulon .

 

            Le nouveau code de droit canonique ne fait plus mention expresse de la franc-maçonnerie. Cela ne veut pas dire que la position de l'Eglise ait changé. La Congrégation pour la doctrine de la foi, alors présidée par le Cardinal Ratzinger, l'a clairement rappelé dans sa déclaration du 26 novembre 1983 approuvée par Jean-Paul II : « Le jugement négatif de l'Eglise sur les associations maçonniques demeure donc inchangé, parce que leurs principes ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Eglise, et l'inscription à ces associations reste interdite par l'Eglise. Les fidèles qui appartiennent à ces associations sont en état de péché grave et ne peuvent accéder à la sainte communion. La position de l'Eglise n'est pas enfermée dans un contexte historique. L'épiscopat allemand, au début des années 1980, a étudié l'actualité de la position de l'Eglise compte tenu des changements connus par la franc-maçonnerie, qui dut elle aussi subir les persécutions nazies. La conclusion à laquelle les évêques arrivèrent relève que la franc-maçonnerie « n'en reste pas moins égale à elle-même dans sa mentalité, sa conviction fondamentale et son activité. Les divergences dont il a été question portent sur les fondements de l'existence chrétienne. Les recherches entreprises sur les rituels francs-maçons et la spiritualité franc-maçonne font clairement apparaître qu'il est exclu que l'on puisse appartenir en même temps à l'Eglise catholique et à la franc-maçonnerie. » Le point de départ de cette incompatibilité est l'accueil de la révélation de l'amour de Dieu en Jésus-Christ. Le maçon soutient le primat et l'autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée. Le Catholique avant tout adhère au Credo. Tout le reste en découle. Le Christianisme accueille la révélation divine en Jésus-Christ, notre Seigneur. Il comporte donc un certain nombre de dogmes qui sont autant de « fenêtres » ouvertes par la lumière de la foi sur le mystère de Dieu. Ces dogmes ne sont pas accessibles à la raison si celle-ci refuse l'illumination de la foi. Si la franc-maçonnerie anglo-saxonne confesse sa foi en Dieu, ‘Grand Architecte de l'Univers', les constitutions d'Anderson de 1723, texte de référence pour tous les francs-maçons, ne comportent pas la moindre référence à Dieu en Jésus-Christ, ne mentionnent jamais la Sainte-Trinité , le péché, le salut, la résurrection, la venue de l' Esprit-Saint . La franc-maçonnerie est un ordre de type gnostique car elle prétend donner à ses adeptes une formation ésotérique, un enseignement secret qui révélerait le sens caché de l'univers. Tous les rituels maçonniques font miroiter aux yeux des initiés une ‘Lumière' qui n'est pas celle de la Transfiguration de notre Seigneur. Le climat occulte qui les entoure comporte d'ailleurs pour les inscrits le risque de devenir les instruments de stratégies qu'ils ignorent. Le système symbolique mis en place par les francs-maçons engage profondément l'initié, puisqu'il est tenu au secret absolu.

            La culture relativiste et de ‘tolérance', le souci humaniste de bienfaisance, le refus de toute forme d'intégrisme que promeuvent les francs-maçons consonnent avec les attentes de nos contemporains et les discours actuellement véhiculés par les politiques et les médias. Beaucoup se laissent séduire par la générosité, l'esprit de tolérance, l'ouverture à un certain humanisme et le spiritualisme des rites qui l'accompagnent. Cependant, si la franc-maçonnerie est une philosophie humaniste, elle coupe l'Homme de la Vérité qui seule peut le sauver et lui donner le sens de son existence, puisqu'elle estime la vérité inaccessible et qu'elle la réduit à une construction humaine toujours perfectible. D'autre part, comme les évêques allemands l'ont relevé en 1980, « le Catholique entend par tolérance la patiente acceptation qui est due aux autres hommes. Chez les francs-maçons, par contre, domine la tolérance à l'égard des idées, quelque opposées qu'elles puissent être entre elles. » La tolérance pour les idées peut s'accompagner d'une grande intolérance pour l'Homme. Ce sont des idées qui conduisent à l'avortement et à l'euthanasie. L'humanisme véritable que l'Eglise promeut est celui de tout l'enseignement de Jean-Paul II dernièrement, qui met au centre de la compréhension de l'Homme celui qui en est le modèle et la mesure : Jésus-Christ. Chaque homme, quelle que soit sa pauvreté, sa misère, est alors aimé en lui-même et par lui-même, à cause de son incomparable dignité d'avoir été créé à l'image de Dieu et d'avoir été aimé par notre Seigneur jusqu'à sa mort sur la croix. Un Chrétien catholique ne peut pas, en même temps, participer à la pleine communion de la fraternité chrétienne et, d'autre part, regarder son frère, à partir de la perspective maçonnique, comme un profane.

Juin 2009.

 

En post-scriptum à ces propos de Monseigneur Rey, nous citons Mr Pierre Simon, président de la Grande Loge de France et cofondateur du Planning Familial français, à propos de la contraception et de l'avortement :

 

            « Ce combat n'est pas seulement technique, mais philosophique. La vie comme matériau, tel est le principe de la lutte. La révision du concept de vie par la contraception et l'avortement transformera la société dans son intégralité. Ce n'est pas la mère seule, c'est la collectivité tout entière qui porte l'enfant en son sein. C'est elle – la collectivité – qui décide si l'enfant doit être engendré, s'il doit vivre ou mourir. »

           

On commence par regarder son frère comme un profane. On finit par le considérer comme un matériau. En guise d'humanisme, il s'agit ici d'une version bien spécifique aux francs-maçons !      

J.H.                                                                                                                       Notre Site